MARQUEURS IDENTITAIRES
Héritage, Identité et Fondement de l'UÉBF
L’intention de ce texte est de clarifier l’identité de l’UÉBFC. En se basant sur son passé et son présent, cette page cherche à répondre à la question : « Qui nous sommes ». Outre les deux principes théologiques hérités du baptisme, à savoir le congrégationalisme et le baptême, l’identité de l’Union peut être définie par cinq autres caractéristiques distinctives. Pour chacune de ces caractéristiques, nous présentons leur fondement historique à l’intérieur de l’Union et biblique.
L'esprit pionnier
L'esprit pionnier
L’esprit pionnier signifie observer, comprendre et créer des actions concrètes pour répondre aux nouvelles réalités auxquelles nous sommes confrontés.
Ancrage historique
En 1835, Henriette Feller et Louis Roussy quittent la Suisse pour aider la famille Olivier dans l’évangélisation à Montréal. Mais les Olivier repartent bientôt en Suisse, laissant Feller et Roussy seuls. Ils créent ensemble la Mission de la Grande-Ligne à Saint-Blaise-sur-Richelieu, où ils enseignent, prêchent, fondent des églises et des écoles malgré les défis. Ils réunissent des gens autour de la foi chrétienne en partageant la Bible et en offrant des services éducatifs, médicaux et agricoles. Leur approche globale témoigne de l’esprit pionnier de l’Église, qui prend en compte tous les besoins de la vie.
Ancrage biblique
En Genèse 1.2, l’Esprit de Dieu plane sur un état chaotique pour organiser, séparer, nommer, mettre en mouvement et appeler à exister un univers foisonnant de créativité. Dieu donne à l’être humain la capacité d’agir en gestionnaire de la terre et dans des situations qui font appel à l’ingéniosité et au courage. Que ce soit Abraham lancé sur des routes inconnues, Moïse conduisant un peuple au sein d’un désert hostile, Daniel naviguant les multiples intrigues au cœur du pouvoir de rois païens, ou Esther qui monte au créneau pour déjouer un plan génocidaire ; chaque fois, c’est la même dynamique : oser avancer dans un contexte difficile, comptant sur le secours de Dieu, créateur de l’univers.
La créativité missionnelle
La créativité missionnelle
La créativité missionnaire repose sur la capacité de percevoir les dynamiques qui peuvent apporter du renouveau et créer de nouvelles façons d’agir, plutôt que de simplement résoudre des problèmes ponctuels. Cela conduit à explorer de nouvelles pratiques et à ouvrir de nouvelles possibilités et initiatives.
Ancrage historique
Jusqu’aux années 1950, les églises au Québec dépendaient des réseaux anglophones pour diriger et financer leurs activités. Cela limitait la créativité des francophones. Charles Foster, avec le soutien de Nelson Thompson et John Gilmour, décide de donner aux francophones la responsabilité de développer leurs églises et de partager l’Évangile. Ils proposent plusieurs changements à partir de 1955 :
- Mieux comprendre la société québécoise et des francophones au Canada.
- L’établissement d’une structure décisionnelle locale et francophone.
- La formation théologique des pasteurs au Québec.
- La modernisation des moyens de communication de l’Évangile.
- Réduire les conflits avec l'Église catholique.
- Une collaboration d’égal à égal avec les autres conventions baptistes.
L’Union des Églises Francophones au Canada est créée le 11 août 1969. Lors de sa première assemblée, la déclaration était : « Cette année, nous prenons en main nos responsabilités normales. Cette année, nous, les évangélisées, devenons des évangélistes. » Ce changement reposait sur l’analyse de la société québécoise et a donné lieu à des initiatives telles que des librairies chrétiennes, des camps pour jeunes, un ministère étudiant, une radio, des campagnes d’évangélisation, un centre de formation biblique, de nouvelles implantations d’églises et une relève pour les postes clés dans l’Union et ses églises.
Ancrage biblique
La créativité missionnaire trouve son origine dans la manière dont Jésus a utilisé le modèle rabbinique. Il a non seulement adopté certaines pratiques de ce modèle, comme le montre Jean 1.38, mais il l’a également remodelé pour le rendre plus ouvert. Par exemple, dans des passages tels que Matthieu 9.11, Matthieu 23.7-8 et Luc 8.1-3, Jésus a manifesté sa volonté d’enseigner et de prêcher à des individus de diverses catégories sociales, y compris ceux qui étaient généralement marginalisés ou exclus.
Le mandat de Jésus envers ses disciples, les envoyant vers toutes les nations, souligne l’importance d’une compréhension culturelle approfondie pour partager l’Évangile dans des environnements imprégnés de visions du monde et de croyances différentes de celles des disciples.
Paul, quant à lui, a montré une sensibilité envers les repères culturels et religieux de son auditoire, ajustant son message pour le rendre plus pertinent pour eux. Il avait conscience que ses actions et ses attitudes étaient scrutées par les autres, d’où sa détermination à adapter ses convictions pour toucher des publics variés tels que les Juifs, les païens ou les plus vulnérables (1 Corinthiens 9.19-22). Cependant, cela ne l’a pas empêché de critiquer des normes culturelles qui contredisaient les valeurs de l’Évangile.
De plus, les communautés chrétiennes naissantes, étant privées de lieux de culte publics, ont démontré une créativité missionnaire en utilisant les ressources disponibles (1 Corinthiens 16.19) et en s’inspirant des pratiques des synagogues pour organiser leur vie d’église.
La rigueur et pragmatisme théologiques
La rigueur et pragmatisme théologiques
La combinaison de rigueur et de pragmatisme se manifeste à travers l’importance accordée à l’analyse des textes bibliques et à l’approche concrète dédiée à la formation et à l’accompagnement des responsables d’églises dans leur mission.
Ancrage historique
Les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été transmis, explorés et expliqués par les prophètes, le Christ et les auteurs du Nouveau Testament. Tout au long de l’histoire de la Mission de la Grande Ligne et de l’Union, ses leaders se sont efforcés de fonder leurs actions sur une fidélité à la perspective biblique et à l’enseignement de Christ, tout en incarnant la mission de l’Église.
Cette fidélité est illustrée dès la première génération de la Grande Ligne. Le débat public à Marieville le 7 janvier 1851 entre Louis Roussy et Charles Chiniquy, prêtre catholique, en présence de plus de 400 personnes, montre le courage d’assumer des convictions sur la place publique, quelles que soient les conséquences ; et ce en conformité avec l’exhortation de l’apôtre Pierre d’être « toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. » ( 1 Pi 3.15)
Dans les années 1970, les candidats au ministère pastoral devaient aller en Europe francophone pour se former. Cependant, la création du Centre de Formation Biblique à Québec de 1967 à 1971 par Charles Foster montre la volonté d’avoir une formation solide en français. La mise en place du Centre d’Études Théologie Évangélique (CÉTÉ) à partir de 1980, devenu la Faculté de Théologie Évangélique de l’Université Acadia en septembre 1994, reflète les efforts déployés par la première génération de professeurs pour former des travailleurs qualifiés et futurs théologiens. La centralité des Écritures a toujours été au cœur de ce parcours depuis 1836.
Ancrage biblique
Dans sa lettre aux Galates, Paul s’oppose aux idées théologiques qui mettent en avant la loi mosaïque comme condition essentielle pour être jugé « juste » par Dieu. Il affirme que la foi en Christ permet aux Juifs et aux païens d’être réconciliés avec Dieu. Il prend l’exemple d’Abraham, montrant que sa foi l’a rendu juste bien avant l’introduction de la loi de Moïse.
Voyant s’approcher la fin de son ministère, Paul encourage ses jeunes collègues à continuer la mission et à transmettre fidèlement l’enseignement tout en se défendant contre les doctrines erronées (1 Timothée 1.3-4). Il insiste sur l’importance de partager l’Évangile avec toutes les nations (2 Timothée 4.17). Dans 1 Timothée 3.16, nous trouvons l’un des premiers credos de foi : « Dieu est apparu comme un homme, sa justice a été révélée par l’Esprit, il a été vu des anges, proclamé parmi les nations, on a cru en lui dans le monde, il a été élevé dans la gloire. »
La culture de partenariat
La culture de partenariat
La culture de partenariat repose sur la conviction que travailler seul n’est pas une approche saine et ne correspond pas fidèlement aux nombreux exemples bibliques de collaboration. Cela implique de reconnaître la diversité et la complémentarité des dons et des ministères voulut par Dieu et signifie qu’une plus grande bénédiction résulte d’actions qui vont au-delà des seules compétences et capacités d’un individu ou d’une entité.
Ancrage historique
La Mission de la Grande Ligne (MGL) et l’Union ont bénéficié de partenariats en Amérique du Nord et en Europe francophone. Henriette Feller, Louis Roussy et les missionnaires suisses ont obtenu des fonds d’Américains et le « New York Observer » a couvert le lancement de la MGL en 1840.
La plupart des pasteurs de la MGL et des fondateurs de l’Union étaient anglophones, mais sont devenus francophiles par vocation. Foster, Gilmour et Thomson, tous anglophones, appelés « les trois colombes », ont façonné la vision de l’Union.
La culture du partenariat de l’Union s’est manifestée ainsi :
Québec : Elle a joué un rôle majeur dans la collaboration évangélique francophone au Québec, notamment avec l’Expo 67, l’Opération Espérance et le lancement du Réseau Évangélique du Québec (RÉQ).
Canada : Elle coopère avec les évangéliques anglophones au Canada. Soutenue par la Fédération baptiste/CBM ainsi qu’ayant des liens avec trois autres conventions-sœurs et liés à l’Alliance Évangélique du Canada (EFC).
Europe : Elle entretient des partenariats avec l’Europe francophone, avec le Partenariat Baptiste Francophone et les accords avec la Fédération des Églises Baptistes Évangéliques de France et Perspectives montrent l’engagement de l’Union à apprendre de l’expérience européenne.
Caraïbes : Son implication croissante avec la diaspora haïtienne dans les Caraïbes est un nouveau volet de la collaboration.
La culture du partenariat en francophonie est ainsi profondément enracinée.
Ancrage biblique
Dans un premier temps, les disciples de Jésus se concentrent sur les communautés proches de Jérusalem pour partager la Bonne Nouvelle. Toutefois, avec la Pentecôte, ils s’ouvrent à la diaspora juive. Dans Actes 10.20, plusieurs disciples commencent à évangéliser à Antioche, une cité païenne, obtenant des résultats positifs. Les récits des chapitres 10 à 13 des Actes présentent deux groupes : l’un hésitant au départ, mais constatant l’accueil favorable de populations jusqu’alors non touchées, et l’autre composé de disciples itinérants se tournant spontanément vers les païens pour partager l’Évangile. L’église d’Antioche envoie deux de ses leaders clés, Barnabas et Paul, pour porter la Bonne Nouvelle au cœur des villes païennes de l’Empire Romain.
La diversité culturelle
La diversité culturelle
La diversité culturelle montre que même si le « corps de Christ » est uni, ses membres viennent de différentes cultures humaines.
Ancrage historique
Dans les années 1967-1977, une vague d’immigration haïtienne s’est établie à Montréal à la suite des problèmes politico-économiques en Haïti. L’Union a montré sa compassion envers eux dès 1969 à travers le « Comité d’action sociale ». Ce comité avait pour rôle de sensibiliser les églises à leur responsabilité envers les populations fragilisées par les injustices sociales. L’intégration des Haïtiens dans l’Union a été facilitée par leur connaissance des réseaux baptistes en Haïti. En 1970, l’église de l’Oratoire à Montréal, dirigée par Nelson Thompson, fut l’exemple d’accueil. De futurs leaders haïtiens furent formés à la FTÉ, conduisant à la création de nouvelles églises entre 1990 et 2005.
Aujourd’hui, l’Union est multiethnique avec des églises haïtiennes, africaines et sud-américaines principalement à Montréal et dans l’Outaouais.
Ancrage biblique
La diversité culturelle dans les premières communautés chrétiennes illustre l’accomplissement de la mission confiée par Jésus à ses disciples de répandre l’Évangile « jusqu’au bout du monde » (Actes 1.8). Cette expansion vers les nations s’aligne avec les paroles prophétiques annonçant que toutes les nations seraient bénies en Abraham (Genèse 12.2 ; 18.18).
La communauté chrétienne de Jérusalem, considérée comme la « maison mère », a connu des défis liés à la diversité culturelle lorsque de nouveaux convertis d’origine païenne ont rejoint la diaspora juive. Les Actes des Apôtres et l’épître aux Galates témoignent de ces difficultés. Ces païens croient en Christ, reçoivent l’Esprit Saint et manifestent des signes similaires à ceux de Jérusalem, mais sans observer les lois judaïques, notamment la circoncision. Les conservateurs de Jérusalem souhaitent uniformiser les pratiques pour préserver l’unité.
Cependant, la délégation de l’église d’Antioche traite de cette question centrale. Cette église a inclus les païens sans exiger la circoncision. Après les discours de Pierre, Barnabas et Paul sur la conversion des païens, Jacques propose (Actes 15.13-21) que les païens évitent l’idolâtrie, l’immoralité et la consommation de viandes étouffées ou contenant du sang. Cette proposition vise à maintenir l’unité entre Juifs et païens dans la foi en Christ.
L’Église, tout comme le Dieu trinitaire, reflète l’unité dans la diversité. Les équipes de Paul montrent qu’il valorise la diversité culturelle pour contextualiser l’Évangile. Il s’entoure de personnes partageant des préoccupations similaires et apportant des perspectives riches pour affronter les défis spécifiques aux églises locales.
Ensemble, ces marqueurs identitaires cherchent à incarner et à exprimer le deuxième plus grand commandement, qui selon Christ est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22. 39). En les mettant en pratique, nous cherchons à vivre cet amour envers notre prochain et à manifester ainsi la nature de notre engagement en tant que disciples de Jésus.